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    Faut-il avoir peur des gothiques ?

    Article paru le 7 juillet 2005 - auteur Christophe Ono-dit-Biot

    Lien :

    https://www.ccmm.asso.fr/33-faut-il-avoir-peur-des-gothiques/

     

    Héritiers du romantisme noir du XIXe siècle, ce sont souvent des ados et des jeunes adultes qui aiment Baudelaire et les piercings... 

    Né des cendres du punk en fin des années 1970 / début des années 1980, popularisé dans l’Angleterre par la musique du groupe The Cure et remis au goût du jour par Marilyn Manson, le mouvement gothique est aujourd’hui en pleine expansion dans la jeunesse française. Faisant référence au romantisme noir du XIXe siècle, basé sur un intérêt pour ce qui a le don d’effrayer la société bien pensante, et par-dessus tout la mort, ces héritiers de Baudelaire et de Lautréamont professent une forme de contestation à la fois apolitique et areligieuse. Qu’ils s’habillent de noir, portent des crucifix et organisent des pique-niques entre amis, ou se baladent dans les cimetières, ne veut pas dire qu’ils s’intéressent à l’au-delà. Bien au contraire, ils ont tendance à être sans illusions de ce côté-là : "La vie, personne n’en est jamais sorti vivant. C’est juste que ce qui est sombre on trouve ça beau et poétique, explique Ludo, 18 ans. "Ce qui est injuste c’est que les gens nous regardent comme des objets de foire alors qu’ils trouvent normal de voir une fille se balader en minijupe rose". Pour beaucoup elle serait là, l’explication de la vogue actuelle pour la culture gothique. "Dire que l’on refuse d’écouter Britney Spears c’est aussi une façon de dire que le monde ne ressemble pas à ce qu’elle chante", argumente Alyz Tale, ex-rédactrice en chef du magazine de référence "Elegy".

    Mais alors, il ressemble à quoi, leur monde ?

     

    Faut-il avoir peur des gothiques ?

     

    A écouter leur musique, à fréquenter les lieux où ils se rassemblent, à parler avec eux, on découvre une sorte d’aristocratie reposant sur l’exacte inversion de ce qui est en vogue dans le monde extérieur. Face à la pop sirupeuse servie sur les ondes, ils plébiscitent des groupes à la musique rugueuse, rock et industrielle, aux paroles hantées par le couple Eros et Thanatos et la nostalgie d’un paradis perdu, et des groupes dont les noms seuls suffisent à inquiéter : Cradle of Filth (Berceau de l'obscénité) ou Sopor Aeternus (Sommeil Eternel). Face à la norme, les gothiques revendiquent le teint de nacre et le noir absolu qu’ils trouvent austère mais raffiné. Comme l’absinthe que les plus esthètes d’entre eux consomment au bar Le Furieux ou au Kata-Bar, des hauts lieux du milieu goth parisien, aussi sombre que les deux caves médiévales où, le week-end, ils dansent en se balançant d’un pied sur l’autre. Car le milieu gothique est, il faut le savoir, extrêmement élitiste. Et si l’on trouve plusieurs sortes de gothiques (des goths romantiques aux goths fétichistes, en passant par les gothic Lolita), il suffit de se rendre dans l’une de les boutiques spécialisées comme "Le Grouft" ou "Darkland" (fermées depuis) pour comprendre que le gothique est plutôt aisé. A 200 euros la paire des indispensables New Rock par exemple, on est en effet bien loin du post-punk qui rafistolait à l’épingle à nourrice des vêtements trouvés dans les décharges. 

     Quant au goût pour l’esthétique macabre, c’est là que le bât blesse. Car si la plupart des goths évoquent le besoin de montrer leur différence en incarnant au maximum le tabou de la mort, d’autres semblent développer une étrange philosophie. Seb, 18 ans, porte autour du cou un pendentif Baphomet. Appelée aussi pentagramme inversé, cette étoile à cinq branches est souvent associée au satanisme théorisé par le "Pape noir" Anton La Vey, créateur de l’Eglise de Satan le 30 avril 1966, qui promet de saper toute idée d’égalité entre les hommes. Seb en a-t il entendu parler ? "Bien sûr, répond-il presque vexé, "mais je ne suis pas un de ces connards de satanistes. Profaner les tombes, quelle idée ! Satan, pour moi, c’est davantage l’idée de vivre en étant son propre maître. Parce que ça veut dire "l’adversaire de Dieu", et je ne crois pas en Dieu". Même interprétation chez Guillaume, 21 ans, qui vient à l’interview accompagné d’un rat et a des tatouages sur l’avant-bras de mystérieux signes kabbalistiques. "C’est de l’Enochian, explique-t-il, une langue secrète que l’on trouve dans "La Bible satanique" de La Vey, et qui date d’avant l’araméen. Ça veut dire "cueille la vie". Exhibant ses nombreux piercings, il ajoute alors : "Rien à voir avec les messes noires ! L’idée c’est surtout de montrer que je suis différent, que j’ai ma propre religion qui consiste à n’obéir qu’à moi-même et pas à un Dieu. Cela fait de moi un mystère ambulant et ça plaît vraiment aux filles". On est contents pour lui mais l’on se demande quand même : ce carpe diem occulte, ce jeu avec les symboles et cet athéisme convaincu ne marquent-ils pas le passage d’une frontière entre gothisme et satanisme ?

    Chercheur en sciences politiques à l’université de Lyon-II, auteur de "Satanisme et vampirisme, le livre noir" (Golias), Paul Ariès se montre presque rassurant : "Les jeunes gothiques sont les enfants de notre société. Ils sont en souffrance identitaire parce qu’il n’y a plus, comme dans les années '70, des idéologies prêtes à l’emploi pour réenchanter le monde. S’approprier ces symboles leur permet de se créer une béquille identitaire, comme d’autres développent un rapport addictif aux marques. Tant qu’il ne flirte pas avec un discours antisocial et des rituels occultes, tant que cette volonté de vivre selon ses désirs ne revient pas à célébrer la loi du plus fort, le gothique est à l’abri de l’endoctrinement sectaire. Le gothisme "bien pensé" peut même être une protection car cela permet à l’adolescent de canaliser ses pulsions. Celui qui est en danger c’est celui qui y cherche une idéologie". Moralité : on peut donc être un gothique, à condition d’être un gothique flamboyant.

       

    A propos des gothiques : infos

     

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    Mon avis

    J'ai posté cet article qui peut intéresser des gens mais en surprendra d'autres.  

    Les gothiques sont avant tout des personnes pacifiques, ils n'aiment pas la violence et les guerres, ne sont pas des sataniques ni des néo-nazis. Ils adorent ce qui est beau et esthétique, l'art, la nature et les animaux. Leurs looks sombres font souvent peur, attisent la curiosité ou la fascination, mais en aucun cas ils ne laissent indifférents les non-gothiques. Dans certains pays ils sont bien acceptés et tolérés, tandis que dans d'autres pays (en France par exemple) beaucoup de clichés circulent sur eux, ils sont mal vus et critiqués, voire insultés. A cause de leur apparence sombre, des médias pas souvent tendres avec eux, sans parler de soi-disants goths qui donnent une mauvaise image et font du tort aux VRAIS gothiques. Il faudrait que tout cela cesse mais il y a encore du chemin à parcourir.          

    Les gothiques ne sont pas seulement des ados et des jeunes adultes, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. Il n'y a pas d'âge pour l'être ! On trouve des goths de toutes les générations : cela va des trentenaires aux quadras, en passant pas des cinquantenaires (dont je fais partie) ou plus ! L'écrivaine Nancy Kilpatrick en est le plus bel exemple puisqu'à 77 ans elle est toujours gothique et cela fait longtemps ! Respect.          

     

    Et vous, avez-vous peur des gothiques ?  

      


    28 commentaires


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