• Rêve victorien (ma nouvelle)

     

     texte : Florence Marquise - 29 octobre 2008

     

    Bien installée sur le canapé du salon, regardant un film, je m'endormi soudainement. Il était tard et la nuit était tombée depuis longtemps. Dehors, la pluie s'abattait continuellement dans les rues désertes de la ville. Pas âme qui vive. L'automne touchait à sa fin et, déjà, on sentait le vent froid annonçant l'arrivée précoce de l'hiver.

     Lorsque je m'éveillai le lendemain matin, telle ne fut pas ma surprise de ne pas reconnaître mon appartement. C'était pourtant bien la décoration mais quelque chose avait changé. Encore ensommeillée, je me levai et regarda à la fenêtre. Il faisait beau et le ciel, morose hier, était d'un bleu éclatant aujourd'hui. Mais ce qui me surpris le plus, c'est que tout avait changé, que ce soit chez moi ou à l'extérieur. Je me sentais perdue et, en même temps, j'étais fascinée par ce que je voyais. C'était si inhabituel pour moi. Je ne voyais cela que dans les livres historiques, les films ou les romans... J'ouvrit la fenêtre pour mieux me rendre compte, sentant la chaleur du soleil sur mon visage, appréciant le chant des oiseaux. ô quelle vision !

    Face à mon immeuble, sur la route pavée je vis passer des fiacres tirés par des chevaux. Je vis des passants élégamment vêtus, des réverbères, des crieurs de journaux, et tant d'autres choses qui n'existaient pourtant plus de nos jours. Je ne comprenais pas. J'étais surement endormie, il fallait que je me réveille à tout prix ! J'avais beau me frotter les yeux, c'était la même vision. Regardant autour de moi, je constatais que mon intérieur et le mobilier moderne était à présent différent, typique du 19e siècle. Comment cela se pouvait-il ?

    Interloquée, j'allais au salon et à la cuisine. Même décoration victorienne. Décidément, l'appartement était bien vide. Où étaient donc passé mon compagnon et notre chat ? Et toutes ces choses familières qui nous entouraient habituellement ? Etais-je en proie à des hallucinations ?

    Je décidais de retourner dans la chambre pour m'habiller. Ouvrant la penderie, là encore mon coeur se mit à s'emballer. J'eu la surprise de constater que mes vêtements n'étaient plus les mêmes. A la place de mes robes et de mes jupes modernes, je trouvais des toilettes de styles victoriennes, ainsi que des corsets, des chapeaux et des bijoux de la même époque. Comment cela se pouvait-il ? 

    Mes yeux s'emplirent alors de larmes tant j'étais émue et surprise. J'avais donc changé de siècle en une nuit, c'était incroyable ! A présent, je me trouvais en pleine époque victorienne, je n'en revenais pas...

    On sonna à la porte d'entrée. Je séchais mes larmes puis alla ouvrir. Je souris, soulagée de reconnaître mon compagnon, un bouquet de roses en main. Il était toujours le même, tel que je le connaissais depuis plusieurs années. Mais ce qui avait changé, c'était sa tenue, inhabituelle chez lui : il portait une chemise blanche, un pantalon noir assorti à sa redingote et son chapeau haut-de-forme. Il était sortit pour aller m'acheter des fleurs, galant et toujours aussi attentionné. Il était si élégant, semblait à l'aise dans ce siècle dans lequel nous n'étions pourtant pas nés puisque nous venions de la même époque moderne...

                Je m'habillais, me glissa dans une belle robe assortie à un petit chapeau, les mains gantées de dentelle blanche, une ombrelle assortie pour me protéger du soleil. Etrangement, il faisait doux dehors...

    Mon bien-aimé me guida dans les rues de cette ville que je connaissais habituellement par coeur mais qui, cette fois, m'était devenue étrangère car tout était différent. Nous nous rendîmes chez mes parents en fiacre. Eux aussi avaient fière allure. Cela me surpris, là encore. Ils étaient vêtus comme tous ces hommes et ces femmes dehors, élégants et distingués. Même les adolescents et les enfants étaient ainsi. Où étaient donc passés les jeans, les t-shirts et tous ces vêtements à la mode ? Où étaient donc passés les voitures et les autobus polluant sur leur passage ? Et les immeubles, les maisons modernes ? Tout cela avait changé, c'était clair ! Même la musique n'était plus la même, tout comme la littérature... Quand au cinéma, il n'en était qu'à ses premiers balbutiements puisque c'étaient des films muets, découverte des frères Lumière...

    Bien que ravie de me promener au bras de mon compagnon dans le parc, nous fondant dans la foule, je me sentais cependant comme une étrangère face à tout ce changement si soudain. Nous nous asseyâmes pour nous reposer un peu car nous avions marché une bonne heure. Nous regardions les passants qui allaient et venaient librement. Fatiguée, je finis par m'endormir contre l'épaule de mon compagnon. Il dut m'éveiller car il était déjà l'heure de rentrer...

     

    Lorsque j'ouvris les yeux, il était encore à mes côtés. Cela dit, nous n'étions pas dans le parc mais dans notre chambre. Je reconnu la décoration qui avait encore changé puisqu'elle était comme...avant. Je me croyais toujours au 19e siècle mais il n'en était rien. Nous étions bel et bien au 21e siècle et j'avais tout simplement rêvé !

    Je me levais et regardais à la fenêtre, sentant notre minette se frotter contre mes mollets en ronronnant. Dehors, il pleuvait encore et le vent emportait les dernières feuilles qui étaient encore accrochées aux arbres, fragiles car prêtes à tomber. Je reconnu aussitôt les paysages, la route goudronnée et les voitures modernes. Plus de réverbères ni de demeures victoriennes, encore moins de fiacres ni de personnes élégantes. J'étais revenue à la réalité et donc le 21e siècle me sauta à la figure. Je sentis les larmes me monter aux yeux, perturbée. Mon compagnon vint vers moi et m'enlaça tendrement, me demandant ce qui se passait. Je lui raconta mon rêve qui l'étonna. Il m'avait paru si réel mais en vain. Je n'étais point une dame victorienne, ni lui un dandy...

    Il arrive que des rêves soient si intenses que l'on a la sensation de les vivre. 

                 

     

    ******

     Je n'ai encore jamais rêvé de l'époque victorienne. Cette nouvelle est seulement due à mon imagination, voilà tout.

    Lorsque j'ai écris cette nouvelle, je n'étais pas encore mariée et je n'avais qu'une minette (aujourd'hui mon époux et moi avons cinq chats : deux minettes et trois minets)

     


    26 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique