• La faïence de Nevers

     

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     La faïence de Nevers est une production céramique de la région de Nevers qui connaît un fort développement à partir de la fin du XVIe siècle lorsque Louis Gonzague, duc de Nevers, fait venir des faïenciers d'Italie. Aux XVIIe et XVIIIie siècles, la faïence de Nevers est à son apogée. Concurrencée par la faïence anglaise et par la porcelaine, elle connaît ensuite un fort déclin avant d'être relancée à la fin du XIXe siècle.

    L'une des caractéristiques de la faïence de Nevers est un décor vitrifié en même temps que l'émail du support, ce qui exclut les retouches. Si les premières pièces sont réalisées dans un style italien, les décors évoluent au cours du XVIIe siècle, empruntant non seulement à la tradition française mais aussi à l'iconographie flamande, persane et chinoise. Au XVIIIe siècle, la faïence devient plus populaire avec une production de pièces patronymiques puis, sous la Révolution, des faïences patriotiques.

     

    La faïence de Nevers

     

     Historique

    Alors que Nevers a déjà une activité de poterie non émaillée, la ville développe son activité de faïencerie à partir de la fin du XVIe siècle grâce à Louis Gonzague. Originaire d'Italie, devenu duc de Nevers en 1565 par son mariage avec Henriette de Clèves, Louis Gonzague fait venir d'Italie Augustin Conrade, potier d’Albissola en Ligurie, et ses frères Baptiste et Dominique qu'il installe avant 1588 au château du Marais à Gimouille. Leur réputation et leur réussite deviendront telles, que Nevers s'affirmera au XVIIe siècle comme capitale française de la faïence.

    La matière première, argile, marne et sable, se trouve sur place. Le bois du Morvan permet de chauffer les fours. La Loire et le canal de Briare permettent d'acheminer et de diffuser la production.

    Les Conrade s'associent à d'autres artisans et emploient des potiers locaux et ouvrent plusieurs faïenceries. Ils obtiennent en 1603 le monopole de la fabrication de faïence pour trente ans. De 6 au début duXVIIe siècle, le nombre d'ateliers à Nevers augmente progressivement atteignant au milieu XVIIe siècle puis 12 vers le milieu du XVIIIe siècle. À son apogée, l'activité faïencière occupa plus de 500 personnes. Si la première période de la faïence de Nevers est artisanale, avec des pièces dans le style italien, la fabrication des faïences s'industrialise à partir du milieu du XVIIe siècle, en même temps que le style des faïences évolue.

    La faïence de Nevers connaît un important déclin au XIXe siècle en raison d'une double concurrence apparue à la fin du siècle précédent. D'une part, le traité commercial de 1786 avec l'Angleterre ouvre la France aux importations de faïences anglaises. La faïence de Nevers fait alors face à la production anglaise plus légère et moins cher. D'autre part, la production de porcelaine se développe en Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle, en particulier en France, à Sèvres et à Limoges, et vient concurrencer les faïenceries. Les faïenceries de Nevers ferment au point qu'en 1881 seule subsiste la manufacture du Bout du monde.

    La production de faïence à Nevers est relancée à la fin du XIXe siècle par Antoine Montagnon qui a racheté la manufacture du Bout du monde. La faïencerie Montagnon, qui emploie une cinquantaine d'ouvriers au début du XXe siècle, essaime et de nouvelles faïenceries sont ouvertes à Nevers.

    Si au début du XXIe siècle, six faïenceries employant une trentaine de personnes étaient encore en activité à Nevers, seuls deux ateliers subsistent en 2017.

     

    La faïence de Nevers

     

     Caractères stylistiques

    La faïence de Nevers est une faïence de "grand feu" qui exclut les retouches, le décor et l'émail stannifère du support étant vitrifiés en même temps. L'émail a un éclat bleuté au XVIIe siècle et blanc pur au XVIIIe siècle. Les coloris utilisés sont spécifiques : pas de rouge ni de noir, remplacés par l'orange (jaune obscur) et par le brun.

    Les premières faïences produites à Nevers sont réalisées dans le style italien, avec des décors historiés polychromes. Ce type de décor perdurera pendant tout le XVIIe siècle mais dès le milieu du siècle, les décors vont commencer à se franciser en empruntant non seulement à la tradition française mais aussi à l'iconographie flamande, persane et chinoise. Par leurs créations originales, les faïenciers de Nevers vont influencer au XVIIe siècle l'ensemble de la production française de faïence en apportant un style nouveau de décors qui sera repris dans tout le pays.

    Outre les décors polychromes dans le style italien, les faïenciers de Nevers développent les camaïeux et en particulier les camaïeux à fond bleu profond, teinté dans la masse  sur lequel sont appliqués les motifs. Ces camaïeux sont notamment utilisés pour obtenir des décors persans avec des dessins de fleurs ou d'oiseaux inspiré des céramiques  d'Iznik. Si les décors persans sont souvent à dessin blanc sur fond bleu, ils sont plus rarement réalisés avec fond vert ou orange, ou encore avec un décor vert sur fond blanc. Ces décors persans créés à partir de 1630 sont surtout destinés à l'aristocratie.

    Dans les années 1640, apparaissent des décors pastoraux, à la suite notamment du succès de L'Astrée. Les faïenciers de Nevers dessinent également des scènes de chasse et de pêche, des scènes de vie ou des paysages occidentaux. Le décor Nivernais apparaît en 1650, fait de divers dessins en bleu sur fond blanc.

    Alors qu'au XVIIe siècle se développe le commerce avec la Chine, dans le dernier quart du siècle, les formes et les motifs chinois renouvellent la faïence de Nevers. Les faïenciers imitent, d'abord fidèlement, les porcelaines Ming bleues et blanches ramenées par les commerçants des Pays-Bas, avant de s'approprier les décors d'inspiration chinoise. Le décor chinois, essentiellement en bleu sur fond blanc, est produit de 1660 à 1760.

    Au XVIIIe siècle, la faïence prend un ton plus populaire avec une abondante production de pièces patronymiques. Sous la Révolution, Nevers réalise de nombreuses faïences patriotiques caractéristiques.

      

    La faïence de Nevers

     

    Les faïenceries 

     La plupart des faïenciers de Nevers se sont installés rue de la Tartre (aujourd'hui rue du 14 Juillet). Plusieurs dynasties de faïenciers ont marqué Nevers : c'est le cas des Conrade, des Bourcier, des Seguin et des Custode XVIIe et XVIIIe siècle ou des Montagnon à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle.

    Les Conrade (Conrado) sont venus de la Province de Gênes. Augustin fut le premier et a été rejoint par Baptiste et Dominique. Antoine Conrade étant considéré comme le plus talentueux, la confrérie avait sa fête pour la saint Antoine.

    Les Bourcier, venus de la Charité-sur-Loire (Nièvre), connurent quatre générations. Barthélémy Bourcier fut émailleur de la reine Marie de Médicis de 1626 à 1631 et son fils Jean fut peintre. Barthélémy Bourcier fut un grand artiste en contact avec Abaquesne, le grand maître rouennais, ainsi que des disciples directs de Bernard Palissy. Il fut peut-être l'objet d'une cabale et de l'inimitié de Richelieu. Il fut chassé de la Cour en 1632 et revint alors en Nivernais.

    Les Seguin, parents des Bourcier, du XVIIe au XVIIIe siècle, donnèrent plusieurs maîtres faïenciers dont Jean et Guillaume.

    Les Custode, dont Pierre, sont d'origine italienne. Pierre Custode crée en 1630 la fabrique de l'Autruche, rue Saint-Genest, il s'associe avec Esme Godin et la maison Custode durera jusqu'en 1795 environ. Ce sont les Custode qui ont probablement illustré le mieux les décors persans à dessins blancs sur fond bleu intense que certains ont appelé le "Bleu Custode".

    La manufacture du Bout du monde, fondée en 1648, est la faïencerie qui perdurera le plus longtemps, jusqu'en 2015. Elle aura connu 25 dirigeants en 367 années d'existence. Parmi ces dirigeants, quatre générations de Montagnon, famille qui a racheté la manufacture à Henri Signoret qui en fut propriétaire de 1853 à 1875. C'est Henri Signoret qui, le premier, signa sa production d'un nœud vert qui fut par la suite adopté par ses concurrents.

    La faïencerie Georges trouve son origine en 1898 lorsque les frères Marest ouvrent leur atelier qui est repris par Félicien Cottard en 1908 ; il invente la signature au double nœud vert qui restera la marque de la maison. Ouvrier de Félicien Cottard, Émile Georges prend sa succession en 1926. Puis c'est son épouse Marguerite et son fils André qui lui succèdent, suivis en 1991 de Jean-Pierre et Catherine Georges et, à partir de 2010, de Carole Georges et Jean-François Dumont. Notons qu'après avoir effectué son apprentissage chez Emile et son épouse Marguerite Georges, Gisèle Schadeck épouse Bachelier, maître faïencier, a géré la faïencerie Georges de 1961 à 1991.

    Alors que six faïenciers étaient encore en activité à Nevers au début du XXIe siècle, seuls deux faïencerie subsistent en 2017 :

    - la faïencerie d’art de Nevers (Clair Bernard) ;

    - la faïencerie Georges (Jean-François Dumont et Carole Georges).

    Christine Girande, qui exerçait son activité rue du 14 Juillet depuis 1991, quitta Nevers en 2004. La faïencerie Montagnon a fermé en 2015 et la Faïence bleue a fermé en 2017 après 21 ans d'activité rue du 14 Juillet.

     

    La faïence de Nevers

     

    La faïence de Nevers

     

    La faïence de Nevers

     

    Le musée de la faïence de Nevers

    C’est dans un cadre rénové et agrandi que le Musée de la Faïence et des Beaux-arts accueille les visiteurs depuis 2013. Dans un écrin architectural restauré, allant du Moyen-âge jusqu’au XIXe siècle, le musée, qui a reçu le label "Musée de France" grâce à la richesse de ses collections, offre un parcours dans 13 salles : on peut y découvrir la faïence de Nevers bien sûr, mais aussi les verres émaillés, autre spécialité de la ville. Plusieurs espaces sont aussi consacrés à la peinture nivernaise, la peinture du XXe siècle ainsi qu’aux arts décoratifs… À cela, il faut rajouter deux salles voûtées consacrées aux expositions temporaires.

    C’est en 1844 que commence l’histoire du musée, installé dans une salle de la bibliothèque municipale, sous l’impulsion du maire de Nevers Jean Desvaux. Les collections s’enrichissent peu à peu de dons de citoyens. En 1847, Jacques Gallois, collectionneur avisé, vend symboliquement sa collection à la ville et devient conservateur du premier musée jusqu’à sa mort en 1852. Cette acquisition constitue encore aujourd’hui un apport majeur pour le musée puisqu’elle comprend des chefs-d’œuvre comme la Vierge à la Pomme ou la plaque d’ivoire "l’adoration des mages". En 1907, Frédéric Blandin, banquier et ancien manufacturier de faïence, offre à la Ville la somme nécessaire pour acheter le Palais épiscopal et y installer le musée. Ainsi, entre 1914 et 1919, ce nouveau musée reçoit toutes les collections sauf les objets archéologiques. Louis Mohler, architecte et aquarelliste, est chargé de leur gestion par le Ministre de l’Instruction Publique. À sa mort en 1934, vingt-trois salles sont aménagées. Le musée s’est enrichi de plusieurs dons, legs et achats. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, l’établissement compte vingt-cinq salles. À la Libération, les bâtiments du musée accueillent les élèves du lycée détruit en 1944. Les collections restent dispersées sans lieu de présentation. Il faut attendre 1960 pour qu’un conservateur professionnel soit recruté. Ce n’est que dans les années 1970 que l’abbaye Notre-Dame est choisie pour y installer le musée.

    Située au sein du quartier des faïenciers et à proximité de celui des émailleurs de verre, le lieu est idéal pour la mise en valeur du patrimoine artistique de la ville. Après plusieurs réaménagements modestes, le Musée de la Faïence agrandi et embelli a rouvert ses portes en septembre 2013.

     

    La faïence de Nevers

     

     Liens :

    https://musee-faience.nevers.fr/

    http://www.fayencerie-dart-de-nevers.com/

    https://www.nevers.fr/decouvrir-nevers/la-faience/histoire-de-la-faience

     

     

     

     


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